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4 jours qui ont bouleversé ma vie.

L’Ecclésiaste en son chapitre 3 versets 1 à 4 nous dit :

Il y a un temps pour tout, un temps pour toute chose sous les cieux:

Un temps pour naître, et un temps pour mourir; un temps pour planter, et un temps pour arracher ce qui a été planté;

Un temps pour tuer, et un temps pour guérir; un temps pour abattre, et un temps pour bâtir;

Un temps pour pleurer, et un temps pour rire; un temps pour se lamenter, et un temps pour danser.

Et de fait il y a le temps des hommes mais, en dernier ressort, le temps de Dieu.

Et ce temps là est hors du temps, comme les prémices d’une éternité si proche qu’elle en devient complice.

La vie passe vite, trop vite pour celui qui la traverse dans l’insouciance du moment, du lendemain, sans trop de dommages, sans trop de questionnement, sans trop de soucis, sans trop se soucier de l’autre.

Mais elle est terriblement longue pour celui qui souffre dans son corps et dans son âme, sans espoir de rémission, sans un regard, sans amour, dans l’indifférence générale, dans le rejet de tous avec, pour toile de fond, les tentures de la solitude et de l’oubli.

Et il y a la parole de Dieu, vivante, vivifiante, puissante pour nous encourager, nous amener toujours plus haut, toujours plus loin…

La connaitre cette parole c’est bien, même très bien mais la vivre au plus profond de nous, la laisser macérer, la laisser nous envelopper, la laisser nous pétrir jusqu’à ne faire qu’un avec elle, voilà ce qu’attend Dieu.

Et qui peut dire qu’il l’a expérimenté jusqu’à l’oubli de soi, jusqu’à la négation de sa propre volonté pour se fondre dans celle de Dieu ?

1 Corinthiens 13 versets 2 à 3

Et quand j’aurais le don de prophétie, la science de tous les mystères et toute la connaissance, quand j’aurais même toute la foi jusqu’à transporter des montagnes, si je n’ai pas l’amour, je ne suis rien. Et quand je distribuerais tous mes biens pour la nourriture des pauvres, quand je livrerais même mon corps pour être brûlé, si je n’ai pas l’amour, cela ne me sert de rien.

Si je n’ai pas l’amour, je ne suis rien, parole dure en apparence car tous, plus ou moins, moi compris, pensons avoir l’amour :

Nous faisons des œuvres, de bonnes actions, avons un comportement que je qualifierai d’honnête, avons de la compassion, parfois même nous pouvons pardonner sans arrière pensée, nous nous comportons en tant qu’êtres civilisés parce qu’en fait nous ne manquons de rien et que notre superflu est bien souvent, bien trop souvent la part du pauvre.

Nous sommes, aux yeux du monde, d’honnêtes gens. Mais qu’en est-il du regard de Dieu ?

Suis-je prêt à accueillir l’indigent qui souffre, le sans papier qui ne demande rien si ce n’est un peu de chaleur humaine, un coin de table pour poser sa lassitude et sa solitude qui l’étreint, à partager mon nécessaire et non mon superflus avec celui qui a faim et soif, à me battre pour la justice et la vérité, seul s’il le faut ?

On peut vivre pendant des années auprès de quelqu’un sans jamais bien le comprendre, sans jamais bien le connaitre, sans jamais bien l’aimer autrement que par ce que nous pensons être de l’amour !

Pendant 69 ans j’ai vécu auprès de mon père sans jamais bien le connaitre, sans jamais bien le comprendre, sans jamais bien essayer d’aller au-delà des conventions et des relations père – fils d’usage dans notre société méridionale.

Un garçon ne pleure pas, ne montre pas ses sentiments, tel était le programme.

De son coté, je n’ai pas souvenance d’une grande tendresse à mon égard : accaparé par son travail, ses soucis de santé et son indépendance, notre relation s’établissait au strict nécessaire : bonjour, bonsoir, les formules de politesse courantes dans une société où l’enfant était tout sauf roi.  

Alors oui, j’aimais mon père mais à ma manière, tout en distance et en convenance et lui m’aimait à sa manière, tout aussi distante et convenable.

Bien sur qu’il y avait de l’amour, mais un amour suave, fluctuant, qui n’accrochait pas dans la durée.

Cet amour était à l’amour ce que la musique militaire est à la musique classique.

69 ans d’incompréhension, de temps perdu, de bonne foi aussi, chacun étant persuadé ou se persuadant qu’il était ce que Dieu voulait qu’il soit !

Je me souviens de ces vacances à la ferme où, au moment du départ de mes parents, je m’échappais pour ne pas les voir s’en aller et me laisser seul chez mes grands-parents.

Et eux de penser, croire, que j’étais sans cœur alors que des larmes coulaient sur mes joues, étant bien caché dans un taillis, regardant les phares s’éloigner à l’horizon.

L’incompréhension, nous vivions cote à cote, sans jamais bien nous comprendre

69 ans où j’ai côtoyé un père absent et lui un fils ne laissant rien paraitre de ses sentiments, 69 ans où l’amour tel que voulu par Dieu, n’avait pas ou peu de prise : quelle différence entre l’amour voulu par le Seigneur et celui que nos émotions nous procure, de manière éphémère !

Comme le chante Daniel GUICHARD

J’aurais pu, c’était pas malin
Faire avec lui un bout de chemin
Ça l’aurait peut-être rendu heureux
Mon vieux

Mais quand on a juste quinze ans
On n’a pas le cœur assez grand
Pour y loger toutes ces choses-là
Tu vois

Nous avons cheminé cote à cote, les aspérités de la vie nous ont rapproché sans jamais nous fondre dans cette dimension d’amour voulue par Dieu.

Vous savez, l’âge rabote nos caractères, relativise bien des pulsions, nous fait courber l’échine et nous amène – pour les plus sages – à comprendre la patience, la tempérance, à l’apprivoiser.

Les étapes de la vie se succèdent, notre position aussi : de fils relativement indépendant et rebelle je suis passé au statut de père et lui à celui de grand-père.

Autre statut, autre relation : deux hommes, la même attente inassouvie, les mêmes non-dits, la même pudeur, la même relative froideur, le même amour distant, les mêmes regrets, la même rancœur.

On se parle, on ne se comprend pas toujours, le temps a crée un fossé qui prend l’allure d’une fosse qui enterre nos illusions, nos espoirs, notre quête d’amour vrai comme le dit Paul dans son épitre :

Si je n’ai pas l’amour, je ne suis rien.

Mais comment vivre cet amour, comment donner du temps au temps, comment rattraper ce qui a fuit ?

Aujourd’hui à mon tour je suis un papy comblé et lui, par définition, un arrière grand père.

La fin d’un sigle, d’un âge, d’une période aussi : le départ de mamie vers d’autres cieux où il n’y a que lumière, amour vrai et pur, tel que voulu par Dieu, le retour au milieu des siens, la fin d’un pèlerinage et le repos dans le jardin du Seigneur.

Mon père lui a rejoint un EHPAD, le meilleur, peut être l’un des plus chers aussi, il le méritait, le valait bien comme dit la publicité.

Il ne s’y plaisait pas, mais que faire d’autre à 98 ans révolus ?

Comme une voiture qui descendrait une pente sans frein et prendrait de plus en plus de vitesse, ses sentiments à mon égard se sont aussi emballés, l’écart qui nous séparait s’est creusé de manière vertigineuse : il fallait un coupable, je l’étais devenu.

Notre avant dernière venue dans le Sud fut un vrai cauchemar : les rancœurs exacerbées, enfouies au plus profond de nous même, refirent surface, s’amplifiant, mêlant le vrai au faux, troublant la vision exacte des choses et des gens et, comme un miroir grossissant, ont mis en lumière des détails anodins qui, sous l’effet de ce prisme, ont pris une dimension mortifère.

Le mur de l’incompréhension et des reproches devenait à chaque visite un peu plus épais, un peu plus hermétique : une véritable forteresse s’était établie entre nous, forteresse en apparence imprenable, qui semblait nous narguer du haut de ses donjons d’orgueil et de certitudes.

Nous nous sommes quittés avec l’amertume et le sentiment de passer à coté de quelque chose de grand, de sublime qui était à portée de main mais dont nous ne savions pas, ne pouvions pas atteindre.

La certitude que si mon père partait dans cet état de colère, de non pardon, de rejet et de rébellion, de malédiction aussi, son avenir éternel était lui aussi compromis.

Nous sommes revenus sur Vannes jusqu’à ce coup de téléphone de ma sœur me disant que mon père m’avait demandé.

Elle ne nous a pas caché que son état empirait d’heure en heure et qu’il ne fallait pas attendre pour descendre dans le midi et pouvoir lui parler.

Nous avons pris la route le lundi 02 mai pour Béziers.

La route fut longue de questionnements, d’interrogations, de crainte, d’hésitations aussi.

Brigitte avait reçu du Seigneur qu’elle devait se libérer de sa rancœur envers mon père pour qu’à son tour il soit libéré.

M’en ayant fait part, j’ai eu à mon tour la même conviction, c’est ce que nous avons fait.

La clef du salut, de la délivrance et, pour finir, de l’amour pur et vrai tel que voulu par Dieu Lui-même, prélude à la vie éternelle, venait de nous être confiée par le Saint Esprit.

Nous avions la certitude, sans bien le comprendre, que tout pouvait être différent, que tout serait différent.

Arrivés dans cette chambre de l’EHPAD, bien qu’averti, ce fut le choc : ce n’était plus mon père que j’avais en face de moi mais un vieillard amaigri, au souffle court, à la bouche constamment ouverte pour chercher de l’air avec de plus en plus de difficultés, aux membres décharnés – il ne mangeait plus rien depuis une semaine et avait arrêté de boire depuis un ou deux jours – mais avec une lueur de vie dans le regard qui cherchait à accrocher le mien, à s’y cramponner  avec toute la vigueur que son pauvre corps pouvait encore donner.

Et le miracle de Dieu a pris forme, lentement, comme une caresse, un souffle venu de loin, trop loin.

Son regard se fit plus clair, plus limpide, comme une eau jaillissant d’un torrent de montagne, sa main, faiblement, dans un effort à la fois sublime et désespéré esquissa un geste, une invitation à lui tendre la mienne, à l’approcher de ses lèvres, à me laisser apprivoiser, capturer par un amour qui ne voulait pas encore dire son nom.

Pour la première fois de nos vies nos regards ne se sont plus croisés, ne se sont plus ignorés mais se sont unis, se sont fondus dans un même océan d’amour, tout devenait facile, clair, rassurant, toutes les barrières dressées entre lui et moi se sont effacées, les forteresses d’incompréhension, d’orgueil, d’ignorance, se sont abattues, comme il est écrit dans 2 Corinthiens 10 verset 4 :

Car les armes avec lesquelles nous combattons ne sont pas charnelles; mais elles sont puissantes, par la vertu de Dieu, pour renverser des forteresses.

Tous les faux raisonnements se sont évanouis et, pour la première fois de ma vie, avec une tendresse dont je ne me serai pas cru capable, j’ai pris mon papa dans mes bras, je l’ai câliné, je lui ai murmuré à l’oreille que je l’aimais, qu’il allait me manquer mais qu’un jour nous nous retrouverions tous, ma maman, mon papa, mon Patrice et que ce jour serait un jour de fête.

Tout est devenu lumineux, simple, limpide, nous étions lui et moi dans la même dimension, celle de l’amour voulue par Dieu, dimension sans espace et sans temps, dimension où le passé n’a plus sa place, où le futur ne sera plus mais où l’instant présent vous envahit, vous fait oublier précisément le temps et l’espace, où vous connaissez comme vous êtes connu du Père, sans variation, sans crainte, immergé dans la confiance seule, dans cet amour qui transcende.

Nous sommes restés un temps, une éternité, blottis l’un contre l’autre, pour la première fois de notre vie, mon papa et moi ne faisions qu’un : une seule entité, un seul amour d’un papa et de son fils.

Pour la première fois aussi j’ai réalisé la portée, la puissance de cette parole de vie « si je n’ai pas l’amour, je ne suis rien »

Pour la première fois nous naissions de nouveau à la vie nouvelle, lui qui partait mais me passait le flambeau de cette vie nouvelle, comme un coureur passe le témoin à un autre afin que la course se poursuive.

Il ne pouvait ni sourire, ni bouger ou si faiblement que de le voir essayer de le faire était un véritable crève cœur, mais ses yeux pétillaient, une lumière emplie de vie, d’espérance et d’amour pur, vrai, sincère, illuminait jusqu’au plus profond de mon âme : j’avais retrouvé mon papa, au dernier moment, dans ce départ que je pressentais si proche mais rien ne venait l’assombrir, je savais maintenant où il allait, il le savait aussi.

Dans un dernier regard j’ai su qu’il me souhaitait bonne chance, bon courage sur le chemin de la vie éternelle, lui avait achevé sa course, il était déjà ailleurs, dans la cinquième saison, emportant dans ses bagages ce sésame d’un amour retrouvé, d’une vie qui valait le coup d’être vécue pour des instants pareils.

Mon papa allait fermer ses yeux, m’adresser un dernier regard, un dernier encouragement, un dernier au revoir : nous étions prêts, l’amour avait été le plus fort et Christ l’attendait car Sa Parole venait de prendre tout son sens :

Tu seras sauvé, toi, et toute ta famille.

Comme la chanson de Daniel GUICHARD le clame :

Dire que j’ai passé des années
À côté de lui, sans le regarder
On a à peine ouvert les yeux
Nous deux

Maintenant qu’il est loin d’ici
En pensant à tout ça, je me dis
J’aimerai bien qu’il soit près de moi
Papa

Mais ce que ne dit pas cette chanson, c’est cette promesse de Dieu reprise en Zacharie 3 verset 10 pour chacun de nous qui avons mis notre confiance dans le Seigneur Jésus Christ :

En ce jour-là, dit l’Eternel des armées, vous vous inviterez les uns les autres sous la vigne et sous le figuier.

Oui, un jour nous nous retrouverons, nous nous reconnaitrons et nous jouirons de Sa Paix dans nos vignes et sous nos figuiers.

Que la Paix de Dieu qui surpasse toute chose nous accompagne tous les jours de notre vie, Amen.

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