TAMAR ou un destin brisé
TAMAR ou un destin brisé
Nous avons coutume de dire que la Bible est la réponse de Dieu pour l’homme et que toutes les situations, bonnes ou mauvaises, s’y côtoient.
La Bible n’est en fait qu’un immense miroir où chacun peut s’y voir, réfléchir, méditer sur le sens de sa vie, sur la ou les situations qu’il vit sur le moment en ayant des exemples concrets et voir, comme le dit l’ecclésiaste qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil.
2 Samuel 13 versets 1 à 22 nous en donne une fois de plus un exemple où le sordide le dispute à la lâcheté.
Ce récit dérange bien sur, il y est parlé de viol, de rejet, de violence et, pour couronner le tout, de lâcheté d’autant plus terrible qu’elle émane précisément de ceux qui, de part leur proximité affective avec la victime, auraient du être des soutiens et non des témoins muets qui se sont transformés en des accusateurs accablant la victime qui se retrouve de fait marginalisée, exclue du cercle familial et, à terme, de la société.
Et en 2021, est-ce que cela a changé, malgré les discours moralisateurs, les marches pour la dignité de la femme, les actions en faveur de l’enfance abusée, torturée, martyrisée ?
Non, il n’y a rien de nouveau sous le soleil.
Soixante-douze. C’est le nombre d’enfants tués chaque année par leurs parents.
En France, un enfant meurt donc tous les cinq jours sous les coups de ceux qui l’ont mis au monde.
Cette donnée ne comporte pas le « chiffre noir », c’est-à-dire les meurtres non révélés de nourrissons tués à la naissance ; ni les meurtres d’enfants qui n’ont pas été découverts, comme c’est trop souvent le cas pour les bébés secoués.
Comme souvent, ce sont les enfants les plus jeunes, les plus vulnérables, qui sont les premières victimes.
Plus de la moitié d’entre eux n’avaient pas même soufflé leur première bougie.
Un tiers d’entre eux étaient en âge d’être scolarisés.
En 2019, 146 femmes ont été tuées par leur « partenaire ».
L’étude nationale relative aux morts violentes au sein du couple, rendue publique par le ministère de l’intérieur, recense 25 victimes de plus qu’en 2018, soit une augmentation de 21 % sur un an.
Si les femmes sont les « principales victimes des violences commises par leur conjoint ou anciens conjoints », note l’étude, elle recense aussi 27 victimes masculines, portant à 173, au total, le nombre de morts au sein des couples en 2019. Cela équivaut à un décès tous les deux jours.
Alors que nous enseigne la Bible avec le drame de Tamar ?
Oui, il y a encore une Bonne Nouvelle pour nous aujourd’hui.
Encore faut-il que nous acceptions de regarder en face notre humanité dans ce qu’elle peut avoir de monstrueux parfois, notre monde tel qu’il existe aujourd’hui dans toute sa complexité.
Même si aucun de nous n’est confronté à ce drame qu’a vécu Tamar, nous devons nous sentir concerné, repris dans notre indifférence vis-à-vis des drames, des horreurs qui frappent nos frères et sœurs de l’église persécutée de par le monde.
Qui prend le temps de prier pour eux, pour ces veuves de pasteurs, enseignants et autres témoins de l’évangile ?
Qui prend le temps de prier pour ces enfants orphelins de père et/ou de mère, ou des deux au nom de l’évangile de Christ, de ces fillettes violées, mutilées, vendues comme esclaves sexuelles, ces femmes battues rejetées car se voulant les témoins d’un évangile de paix, d’amour et de pardon ?
Et nous, bien installés dans notre confort, prêts à juger, critiquer, voir la virgule qui manque, incapables de passer au dessus de nos jugements, de notre vision des choses, incapables de s’effacer pour que l’autre grandisse, incapables de voir autrement que la vision étriquée de notre caractère, incapables de pardonner mais récitant, comme une machine bien huilée :
pardonne-nous nos offenses, nos manquements, la stérilité de nos cœurs comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensé ?
Prenons-nous conscience que Dieu nous demandera des comptes pour la sècheresse de nos cœurs ? Que notre attitude, nos critiques seront perçus comme un affront à la parole de paix, d’amour, de bienveillance que nous devons non seulement appliquer à nous-mêmes mais aussi en être les témoins vivants auprès des autres ?
Et que vaut cette parole si je ne change pas, si je reste à ronronner dans ma certitude égoïste du salut, indifférent aux drames qui se jouent de par le monde
et qui touchent de plein fouet ma famille car ne sommes-nous pas frères et sœurs d’un même père ?
Il est temps que nous nous réveillons, que nous réagissions, que nous changions notre vieille tunique rapiécée de compromis, de jugements, de faux raisonnements, d’indifférence, de certitudes erronées, de suffisance car le temps vient, mes frères et sœurs, où Dieu nous demandera des comptes avec cette seule parole, parole qui juge mais qui sauve pour qui saura répondre :
As-tu aimé, Qui as-tu aimé, Comment as-tu aimé ?
Revenons à Tamar.
On peut rejeter les textes de l’Ancien Testament qui nous dérangent. Surtout s’ils ne parlent pas de Dieu, surtout quand ils portent en eux une telle violence qu’ils en deviennent insupportables.
On peut arracher ces histoires de nos Bibles et leur dénier toute pertinence, toute portée spirituelle.
Mais est-ce vraiment à nous de décider ce qui fait partie de la Bible ou non ? Est-ce vraiment à nous qu’il revient de décider ce que Dieu veut nous dire ou non ? Croyons-nous vraiment qu’il y a des histoires humaines qui sont tellement sordides ou infâmantes que Dieu en serait forcément absent ?
L’histoire de Tamar porte avec elle toutes ces humanités douloureuses qui font notre monde d’aujourd’hui.
Cinq personnages constituent le tableau :
* Le grand demi-frère – Amnon – au-dessus de tout soupçon.
* Le propre frère – Absalon – le complice en qui on a confiance.
* La demi-sœur – Tamar – insouciante, naïve mais fort belle et suscitant
inconsciemment, comme malgré elle, le désir.
* L’ami – Yonadab – censé être de bon conseil. En fait c’est lui, le pervers, celui
qui fournit à Amnon le scénario du viol.
* Le père enfin – David – avec sa stature de grand roi et son rôle théorique de
papa aimant, rassurant et protecteur.
Comme toujours, l’histoire commence de façon presque anodine, 2 frères, une sœur très belle, un père illustre, un ami de qui on attend les conseils avisés…
Et une histoire d’amour : Amnon, fils de David aimait Tamar…
Depuis un certain temps déjà, il en est même amoureux fou, « à en crever » si vous me passez l’expression car il s’agit bien de cela puisqu’il en est devenu anorexique, maigrissant jour après jour au point d’inquiéter son ami Yonadab : Pourquoi est-tu ainsi chaque matin plus maigre, toi un fils de roi ? Quel est le problème exactement ?
Jusque là tout va bien, c’est quelque part la vie : on peut être attiré par une personne, la désirer parce qu’elle est belle, rayonnante, intelligente, pétillante…les superlatifs ne manquent pas mais la réciproque n’est pas toujours vraie.
Mais au fait, peut-on parler d’amour ou de désir, d’attirance physique ou de partage équilibré dans le respect de la personne ?
L’Évangile établit clairement cette distinction : le désir et l’amour ne sont pas la même chose. Ils peuvent heureusement se conjuguer, mais parfois encore le désir porte le masque de l’autre.
Le désir sans amour détruit.
L’amour construit l’autre, l’épanouit, le sécurise, le protège.
L’amour ne fait rien de laid
L’amour prend patience
L’amour ne cherche pas son intérêt…
L’amour n’a rien à voir avec le viol. Le viol est une violence, c’est une agression.
Amnon sait parfaitement que tamar n’est pas dans cette dynamique du désir, elle est encore dans l’attente du prince charmant, il sait qu’en fait il n’a rien à attendre de Tamar en tant que partenaire sexuelle.
Mais le désir est là, puissant et, au lieu de l’affronter, il va le cajoler, le mettre en avant, bien au chaud comme le dit si justement Jacques dans son épître au chapitre 1 versets 14 et 15 :
Mais chacun est tenté quand il est attiré et amorcé par sa propre convoitise. Puis la convoitise, lorsqu’elle a conçu, enfante le péché; et le péché, étant consommé, produit la mort.
Amnon va chercher à contourner la difficulté en créant une proximité par la ruse : manipulant son père en mettant en avant sa maladie pour faire venir Tamar près de lui - profitant de la gentillesse de sa sœur pour qu’elle lui fasse à manger – éloignant brusquement les témoins gênants en faisant sortir tout le monde, il attire Tamar dans sa chambre en jouant sans doute aussi de sa naïveté il tente de faire impression sur elle en lui donnant un ordre brutal : Viens, couche avec moi !
Amnon n’accepte aucune limite à ce désir qui le brûle de l’intérieur : aucune parole de raison ou de pitié, aucune loi morale ou religieuse, aucun code d’honneur, aucune autorité fut-ce-t-elle paternelle, royale ou même divine.
Amnon refuse d’écouter les protestations véhémentes de sa sœur. Son désir fait loi. Il s’impose. J’en ai envie donc je prends, y compris par la force si la ruse échoue. Il devient ce terrible prédateur du genre de ceux qui peuplent les chroniques judiciaires de nos journaux, tous ces hommes de pouvoir qui s’affranchissent de toutes limites, de toute décence, possédés par leur propre avidité au point de détruire toute possibilité d’amour en eux.
Il n’y a aucune relation possible avec ces gens prisonniers de leurs pulsions prédatrices : les autres n’existent plus, ils sont devenus des objets immédiatement jetés après usage.
Amnon, après avoir assouvi ses désirs, la détesta d’une haine terrible, il la haït d’une haine plus grande que n’avait été son amour.
Phénomène classique et bien connu de la honte et de la haine de soi transposées sur l’autre qu’il faut impérativement éloigner quant ce n’est pas supprimer pour ne plus subir son regard réprobateur : Chassez-moi celle-là dehors et verrouille la porte derrière elle !
Ainsi Tamar, une femme, une enfant encore, va passer brutalement de l’insouciance à la saleté, à la mort.
Rejetée, humiliée, elle se couvre la tête de cendre, déchire son vêtement princier de virginité, s’arrache les cheveux et part en hurlant.
Tamar est morte.
Amnon a détruit en elle l’espérance, l’insouciance, le rêve. Socialement Tamar est fichue. Tamar devient en quelque sorte la mère de toutes les femmes violées ; la mère de celles dont la tête est à jamais marquée de cendres ; la mère de ces femmes qui ne parviennent jamais à dire ce qu’on leur a fait subir.
On pourrait s’attendre à ce que Absalon, son grand frère, prenne la défense de sa petite sœur, qu’il s’interpose et qu’il protège comme devrait normalement le faire un grand frère n’est-ce pas ?
On sait d’ailleurs dès le premier verset qu’il a une relation privilégiée avec sa sœur qui était si belle.
Mais quand Absalon réapparaît à la toute fin de l’histoire, il se révèle complice passif du viol de sa sœur et sa réaction nous laisse pantois.
Sans qu’il y ait eu le moindre témoin, sans qu’elle ait pu raconter quoi que ce soit (d’ailleurs elle ne le peut plus) il savait déjà tout. Et immédiatement il lui impose le silence : Tais-toi !
Pourquoi devrait-elle se taire ? Parce que c’est ton frère, assène Absalon comme une évidence.
L’honneur de la famille passe avant tout.
Je ne peux pas m’empêcher de penser au Maroc où la loi permet encore aujourd’hui aux violeurs d’épouser leur victime même sans leur consentement simplement pour laver l’honneur de la famille et lui permettre d’exister.
Pire ! Absalon tente de minimiser l’affaire, de dédramatiser le viol : Ne prends pas cette affaire trop à cœur… conseille-t-il à sa sœur en refusant d’entendre son cri de détresse.
Comment peut-on dire des choses pareilles ? Pas la moindre place pour l’émotion, pour la compassion, pour la consolation.
Ce ne serait pas si dramatique que cela ! Tu en verras d’autre ! Ben oui, tu n’avais pas qu’à être aussi belle et puis, est-ce que tu ne l’as pas provoqué ?
Et voilà la pauvre Tamar qu’on emmène chez son frère. Pour la protéger certes. Mais aussi et surtout pour éviter le scandale sur la place publique.
La voilà maintenant cloîtrée pour cacher son opprobre. Interdite d’espace public sauf éventuellement sous une burqa.
Comme toujours, la victime devient coupable de sa propre honte, de sa propre souillure. D’ailleurs, elle n’avait qu’à pas être si belle !
Absalon, lui, ne dira rien à son frère. Il va le haïr au point de le faire assassiner 2 ans plus tard, certes, mais il ne dira pas un mot ni en bien ni en mal dit le texte biblique.
La loi du silence s’impose comme une chape de plomb qui scelle un secret de famille dont on ne parlera plus qu’à demi-mots. Existe-t-il des familles sans secret de ce genre ? J’en doute…
Maintenant voici David son père et le père d’Amnon. Au v. 21 il est écrit « David fut très irrité ». Littéralement : « Ça brûla fort, David en lui même ».
Qu’est-ce qui le brûle fort ? Est-il « brûlé en lui-même » par la colère ou par la honte ?
N’est-il pas renvoyé à sa propre histoire ? Qu’aurait-il pu faire contre ce fils, lui qui a fait assassiner son chef d’armée pour lui prendre sa femme ?
David ne dit rien,
David ne fait rien.
David ne rend pas justice.
Échec terrible d’une paternité ; échec terrible de l’autorité de justice.
Tamar est une femme victime d’une violence qui la plonge dans le désarroi.
C’est une femme innocente à qui personne ne rend justice.
Un silence lâche s’installe. Celui de David, mais aussi celui d’Absalon, l’autre frère, qui la supplie même de se taire « Tais-toi c’est ton frère ; n’y pense plus ».
Comment peut-il croire qu’il est possible de ne plus y penser, d’oublier, de tourner la page ! Absalon est bêtement pour ne pas dire « bestialement » lâche et cruel.
Ce conseil au silence est courant dans les viols intrafamiliaux ; on n’accuse pas un père, un frère, un oncle, un ami fidèle !
Nous avons, si je puis dire, la chance d’être une petite communauté où tout le monde se connaît.
Il y a très peu de risque pour que notre assemblée soit un de ces lieux de silence.
Mais sommes-nous sûr de tout savoir, de tout connaître ? Sommes-nous sûrs d’être le frère, la sœur de confiance ou, pour être plus précis, sommes-nous sûrs que notre attitude, notre capacité d’écoute, notre bienveillance et notre respect de l’autre sont tels que nous attirerons les confidences pour prier ensembles, pleurer ensembles, partager ensembles et, au final, vaincre ensembles ?
Ne sommes-nous pas nous aussi de temps à autre des David en puissance, détournant le regard et fuyant la réalité qui dérange ?
Il est tellement plus confortable de ne pas changer, rester sur ses faux raisonnements, ne cherchant surtout pas d’en sortir, se persuadant que nous sommes les meilleurs dans le plan de Dieu.
Mais n’est-ce pas précisément ce que Dieu veut : que tu changes tes habitudes, tes regards portés sur l’autre, tes certitudes, que tu deviennes, à défaut de
re-venir, ce serviteur inutile dont Dieu peut et veut se servir pour réaliser son plan ?
Dans cette histoire nous avons tous, à un moment ou à un autre, été ces protagonistes :
Tantôt victimes, tantôt faibles au point d’en devenir lâche, tantôt de mauvais conseils au point de trahir la confiance, tantôt violents, en paroles si ce n’est en actes, au point de blesser un frère, une sœur, un parent, un ami ou tout simplement un étranger qui ne demandait qu’un peu de chaleur !
Oui, nous avons tous été un Absalon, un Amnon, un yonadab, un David ou une Tamar.
Alors faut-il désespérer de l’homme, faut-il désespérer de Dieu ?
Par-delà la question des violences faites aux femmes, Tamar nous parle du monde tel qu’il va.
Un monde dans lequel les plus fragiles sont broyés par les ambitions des uns, les désirs inassouvis des autres, les lâchetés des troisièmes et la complicité volontaire ou involontaire des derniers.
Une société qui ne pose aucune limite au désir de toute puissance est une société qui ne peut plus aimer et qui est condamnée au cycle infernal de la vengeance et de la loi du silence qui fait taire les victimes et rend complice les lâches qui savent mais ne disent rien.
Martin Luther KING disait : « Ce qui m’effraie le plus, ce n’est pas l’oppression des méchants, c’est l’indifférence des bons. Celui qui accepte le mal sans lutter contre lui, coopère avec lui »
C’est de cette manière-là qu’il nous faut apprendre à parler de l’homme sans désespérer mais en cherchant à le relever, à le redresser, à parler à son humanité, en cherchant à la ressusciter, à reconstruire ce qu’il a détruit, même au travers de sa pathologie et de sa folie.
Avons-nous conscience à quel point l’attitude de Jésus envers les femmes est différente ?
Nous vivons maintenant dans la logique du Christ devant qui il n’y a plus différence de statut entre l’homme et la femme (Galates 3).
Paul place la barre très haut ! Il demande à l’époux une attitude christique à l’égard de son épouse. Cette exhortation est révolutionnaire.
Elle est révolutionnaire parce que l’attitude de Jésus, son enseignement et les conséquences de la croix sont proprement révolutionnaires (prophétiques) et le demeurent aujourd’hui.
Hommes ou femmes, nous appartenons à Jésus-Christ.
L’Évangile nous contraint donc à reconnaître chacun et chacune comme des sujets du royaume, tous des personnes de pleine dignité.
L’insulte, le mépris, la violence brutale, la violence sournoise rien de cela n’a de place en présence de l’Évangile.
Nous habitant de son Esprit, Dieu nous confirme dans notre statut de « sujet ».
Légitimement habité d’une volonté propre, d’une dignité propre, d’une liberté de décision que nul n’a le droit de contraindre. Nous vivons la liberté de nous associer, la liberté de refuser, le droit de dire « non », le droit d’être respectés, le devoir de respecter.
L’amour de Dieu nous confirme comme des personnes qui se lient librement l’un à l’autre par la parole et jamais par la force.
C’est cela que nous devons aussi expliquer à nos enfants et petits enfants.
L’expliquer et le vivre devant eux et avec eux.
Avec Dieu et devant Dieu, il y a de l’espérance possible pour l’humanité. Voilà ce que je crois.
Amen.
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